Le pont Citadelle à Strasbourg, élégant et si sophistiqué

Le pont Citadelle à Strasbourg, élégant et si sophistiqué

Comme beaucoup de villes françaises, l’euro-métropole de Strasbourg a fait le choix de l’extension de ses lignes de tramway. Ainsi, dès 2017, l’une de ses lignes la reliera à Kehl Bahnhof, ville voisine située en Allemagne. Seulement un problème de taille subsiste : pour prolonger cette ligne, il faut franchir le bassin Vauban, l’un des bassins du port autonome de Strasbourg, ses voies de halage et une voie ferrée. La solution ? Construire le pont Citadelle à Strasbourg ! Mais ce n’est pas si simple. Pour se faire une idée de la complexité d’un tel ouvrage, voici un entretien avec les principaux acteurs du bureau d’études techniques Egis, chargé du projet de conception et de construction du pont Citadelle à Strasbourg.

Le pont Citadelle à Strasbourg a nécessité de relever de nombreux défis

Claude le Quéré, ingénieur en ouvrages d’art d’Egis confie : « Les difficultés majeures auxquelles nous avons été confrontés pour concevoir le pont Citadelle à Strasbourg venait essentiellement du tracé. Le tracé était imposé pour franchir le bassin Vauban et présentait une courbe très prononcée. Nous avons essayé de trouver des formes et une structure qui répondent à toutes les contraintes géométriques. En plus d’être un ouvrage à la géométrie complexe, le pont Citadelle à Strasbourg accueille un tramway qui ajoute une complexité supplémentaire. Nous avons choisi dès le démarrage du projet de monter une maquette numérique très poussée, ce qui nous a permis de maitriser le délai et le budget pour la Compagnie des Transports Strasbourgeois [la CTS]. »

La maquette du pont Citadelle à Strasbourg

Avec ces 2350 tonnes d’acier et de charpente métallique et 480 tonnes de béton armé, le pont Citadelle à Strasbourg innove par sa géométrie complexe qui résulte de la recherche d’une forme optimale en matière d’équilibre des efforts. En effet, le pont est conçu pour supporter une plate-forme tramway à deux voies ainsi que deux bandes latérales destinées aux piétons et aux cyclistes. Les tabliers sont suspendus à l’arc par deux nappes de câbles-plots. Cette géométrie complexe a nécessité de nombreux calculs.

Le pont Citadelle à Strasbourg permettra au tramway, aux piétons et aux cyclistes de rejoindre Kehl en Allemagne

« Dans notre démarche de conception, nous avons cherché à concilier l’esthétique et les contraintes techniques de réalisation. On a également travaillé sur la géométrie et ses formes de structure pour tenir compte des contraintes fonctionnelles du tramway, mais aussi vérifier le bon fonctionnement mécanique. Pour cela, on a cherché à s’assurer du bon cheminement des efforts dans cet ouvrage particulier. », rapporte Fréderic Menuel, directeur Egis.

Le BIM très utile dans la conception du pont Citadelle de Strasbourg

« Vu la complexité des levages, les calculs ont été réalisés à l’aide de logiciels de calcul en trois dimensions en modélisant l’ensemble : l’arc, les suspentes, les tabliers et les fondations. Pour le pont Citadelle à Strasbourg, l’arc a une section en forme de losange qui varie en hauteur et en largeur tout au long de la ligne d’épure de l’arc pour être en accord avec les efforts, optimiser la matière et optimiser à la fin le coût de l’ouvrage. Les arcs, en général, sont sensibles à la déformation et aux problèmes de stabilité. Un travail important a été réalisé pour optimiser la production et la géométrie de l’arc afin d’éliminer ces déformations et assurer sa stabilité. », précise Alexandros Giannopoulos.

Les logiciels de calcul 3D ont servi à modéliser le pont Citadelle de Strasbourg

Conçu pour enjamber le bassin Vauban et permettre ainsi au tramway de relier l’Allemagne, le pont Citadelle à Strasbourg se devait aussi de répondre à un autre enjeu majeur du territoire : constituer l’élément phare de la reconversion et de la nouvelle urbanisation actuellement en cours des anciens terrains de la zone portuaire de la ville. D’où la nécessité d’une très forte coopération entre les ingénieurs d’ouvrage d’art et l’architecte de l’équipe.

Architecte à Egis, Jean-Bernard Nappi rapporte : « Il y a eu une très forte coopération entre les architectes et les ingénieurs. Par exemple, l’arc imaginé par les architectes était assez simple, mais dû aux contraintes de la structure de l’ouvrage, les ingénieurs nous ont proposé une géométrie variable, et nous nous sommes aperçu que c’était le bon parti qui pouvait enrichir le projet par la modification de la géométrie. Lorsque nous sommes arrivés sur le site, nous avons constaté que le territoire allait évoluer fortement et qu’il fallait tenir compte de cette mutation. Nous avons pris le parti d’un ouvrage simple, épuré, avec des teintes relativement neutres, de manière à magnifier le site avant et après, et à laisser toujours en tête de laisser une vue sur le canal. »

Instrument d’aménagement de la ville, le pont Citadelle à Strasbourg a su transformer des contraintes techniques en atouts et devenir une solution simple dans un environnement complexe. Un ouvrage d’art élégant qu’aurait sans doute apprécié un certain Vauban !

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